Aller au contenu

Résilience et gouvernance, équilibre entre humain et organisation

  • par
resilience, cyber resilience, cyber attack, communication, cyber communication, communication de crise, crisis, crisis communication

Le mot résilience est aujourd’hui sur toutes les lèvres, mais il n’est pas toujours utilisé et compris dans le même sens. En psychologie, il évoque la capacité de l’individu à se relever après un choc. En stratégie, il désigne la capacité d’une organisation à anticiper, résister et continuer d’agir malgré la crise. Entre ces deux définitions se joue un enjeu clé, la traduction du facteur humain en atout organisationnel pour affronter les défis et menaces d’aujourd’hui et de demain, cyber, tech ou géopolitique. Dire que 95% des cyberattaques viennent d’une faille humaine, c’est regarder l’arbre qui cache la forêt. Ce sont les conditions, dans lesquelles on place les humains, qui augmentent le risque d’erreur.

“La résilience, c’est avancer autrement.”

Au menu de cet article :


Résilience : deux définitions complémentaires

Deux regards qui se croisent et se complètent.

Pour le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, la résilience est la capacité à rebondir après un traumatisme, à retrouver une trajectoire de vie, parfois différente, mais enrichie.

Cette définition met en lumière le rôle de l’attachement, du sens et du lien social dans la reconstruction. Bref, des dimensions profondément humaines et culturelles.

L’OTAN définit la résilience comme la capacité d’une société à résister, à absorber, à s’adapter et à se remettre d’un choc, qu’il soit naturel, technologique ou humain. C’est une approche systémique : infrastructures, gouvernance, population et économie doivent fonctionner même en cas de perturbation majeure.

Le mot résilience donne, là aussi, la part congrue à l’aspect humain. Le mot #cyberresilience est associé à une gouvernance de cybersécurité focalisée sur des processus techniques, des solutions cyber, des procédures légales.

👉🏻Définition NIST.gov : « La cyber-résilience désigne la capacité d’une organisation à maintenir ses fonctions essentielles, malgré les attaques ou perturbations cybernétiques, et à en tirer des apprentissages pour s’adapter. »

Le but est de préserver les intérêts financiers, qui, hormis son sens court-terme de rentabilité, ne restent que des chiffres froids.

Toute organisation est une structure sociale composée d’humains, qui ont besoin de sens et de reconnaissance dans leur rôle et d’être au clair dans leur positionnement cyber pour trouver la motivation intérieure sur le chemin de la vigilance individuelle et collective.

La clef de voûte de l’engagement est la confiance mutuelle.

Dire que le maillon faible dans la sécurité est l’humain ne crée pas de la confiance. C’est jeter la responsabilité sur l’individu et donc se dédouaner de sa propre responsabilité de dirigeant de ne pas inclure dans sa gouvernance les aspects psychologiques, émotionnels et sociaux de son organisation.

Le SPOF (Single Point of Failure) = le manque de confiance.


Pourquoi une gouvernance de résilience

Si on veut avancer autrement, il faut revoir sa manière d’interagir avec les différents interlocuteurs de son organisation, à commencer bien sûr par ses équipes.

Il faut aussi tenir compte que nous injectons de plus en plus de tech dans nos interactions. Applications web-based, log-ins cloud, chatbots IA, etc. Toutes ces solutions réduisent les coûts, augmentent les performances mais déshumanisent les relations.

Il faut trouver le bon équilibre entre organisation et humain. Et chaque équilibre est différent d’une structure à l’autre. Pour cela, il faut se poser les bonnes questions sur trois axes :

1️⃣ Clarifier la vision de résilience : que signifie “tenir”, protéger, rebondir, transformer ?
2️⃣ Identifier les points de vulnérabilité stratégiques (humains, technologiques, réputationnels).
3️⃣ Faire de la vigilance une compétence collective, pas une charge individuelle ni restreinte à un petit nombre de personnes.

Donc, en toute logique, une entreprise devient résiliente quand la résilience n’est plus l’affaire de la tête de l’organisation limitée à certains services – Direction, IT, Finance, RH, communication. La résilience doit se jouer à tous les niveaux de l’organisation, mêlant force morale intérieure et solidité du système.

Par conséquent, un cadre de pilotage partagé est essentiel pour relier le stratégique (prévoir et arbitrer), l’opérationnel (agir et adapter) et le culturel (donner du sens et fédérer).

Aperçu de ce que la gouvernance de résilience protège, mesure ou améliore

CAPITAL PROTEGEINDICATEURS TANGIBLES (EXEMPLES)EFFET SUR LA VALEUR
Réputation & ConfianceVitesse de réaction
Cohérence des messages
Mentions réseaux sociaux
Awards & Témoignages
+ image
+ fidélisation
+ clients
+ qualité de partenaires
Talents & CompétencesTurnover
Niveau d’engagement
Sécurité psychologique
+ performance
+ innovation
– risque social
Chaîne de valeurDélai de redémarrage
Dépendances critiques
Satisfaction Clients/Fournisseurs
Anticipation incidents
+ continuité
– pertes d’exploitation
GouvernanceMaturité des décisions en contexte d’incertitude+ stabilité stratégique

Une entreprise résiliente, c’est une entreprise qui apprend avant d’être forcée à apprendre.

Les bénéfices concrets

OBJECTIFIMPACT
Réduire les coûts de crise-40 % en moyenne sur les pertes liées aux interruptions d’activité*
Renforcer la confianceMeilleure rétention clients et talents
Accroître la crédibilité ESGMeilleure notation RSE et assurance
Gagner en agilitéDécision plus rapide et cohérente sous pression
*(sources : FM Global, World Economic Forum, Gartner)

Une gouvernance de résilience, c’est une gouvernance du réel.


Le PLUS d’une gouvernance élargie aux aspects psychologiques, émotionnels et sociaux

L’idée ici est de démontrer que la résilience est avant tout une assurance de continuité et un moteur de cohésion, en agissant sur les trois fonctions clés de la résilience organisationnelle :

  1. Préserver : anticiper les fragilités et protéger les actifs vitaux (humains, informationnels, matériels).
  2. Soutenir : accompagner les équipes dans l’incertitude, maintenir la confiance et la cohésion.
  3. Transformer : apprendre, innover et adapter les modes de fonctionnement à un environnement changeant.

Aspect psychologique

Soit la manière dont les individus vivent et perçoivent la crise.

CHAMPS A EVALUEREXEMPLES D’ACTIONS
Les réactions émotionnelles face à l’incertitude (peur, sidération, déni, culpabilité, honte, etc.).Mettre en place un dispositif d’écoute interne (cellule de soutien, ligne directe, formation des managers à la communication empathique).
La charge mentale liée à la surcharge d’informations ou au stress prolongé.Lancer des sondages internes sur la perception de la charge mentale, et sur quels points.
Le besoin de repères, d’écoute, de reconnais-
sance et de sens.
Former les équipes à reconnaître les signaux faibles dans leur environnement immédiat.

👉🏻Lire notre article sur les signaux faibles.

Aspect émotionnel

Soit ce qui relie la confiance, la cohésion et l’engagement.

CHAMPS A EVALUEREXEMPLES D’ACTIONS
Les émotions qui influencent la perception du risque et la prise de décision.Clarifier sa politique de sécurité psychologique.
Une émotion collective (peur, colère, honte) qui peut amplifier ou désamorcer la criseCréer des moments de “respiration collective” (rituels d’équipe, remerciements, storytelling post-crise)
Les biais cognitifs les plus forts ou plus récurrents dans l’organisation.Intégrer des KEI (Key Emotional Indicators) dans les tableaux de bord de gestion.

👉🏻Voir des exemples de KEI.

Aspect social

Soit les liens, la culture et le sens du collectif.

CHAMPS A EVALUEREXEMPLES D’ACTIONS
Les comportements collectifs (entraide, loyauté, solidarité) déterminent la capacité de rebond.Identifier et valoriser les “personnes pivots” qui relient les équipes, même sans titre officiel
Les freins et aux leviers d’engagement de l’organisation et dans l’écosystèmeImpliquer les partenaires externes (clients, fournisseurs) dans les scénarios de continuité.
Les réseaux informels jouent un rôle clé dans la circulation d’informations fiables et la mobilisation.Célébrer la coopération inter-services après une perturbation majeure pour ancrer la mémoire organisationnelle.
Les perceptions et les positionnements cyber à chaque étage de l’organisation.Définir un langage commun et situer les responsabilités.

Le plan de communication de résilience tribale

Une résilience sans communication reste invisible, sonne creux.

Le plan de communication de résilience permet de relier dans tout l’écosystème le fond (le discours) et la forme (les dispositifs) mais aussi de nourrir sur le long terme la confiance et l’engagement en s’assurant que :

  • le cadre de résilience défini est bien compris et bien accepté
  • les risques sont bien assimilés et acceptés
  • les scénarios sont connus et compris de tous
  • les réflexes de sécurité sont acquis, devenus naturels, individuellement et collectivement
  • chacun connaît son rôle, ses responsabilités, ses limites
  • les rôles critiques sont cartographiés et évalués
  • les outils et processus sont maîtrisés
  • chacun se sent reconnu et valorisé dans son positionnement cyber
  • etc.

Le but est de distiller un sentiment tribal de résilience.


Du réflexe à la culture

La résilience n’est pas une compétence ponctuelle. C’est une culture à gouverner, qui se construit chaque jour, dans les décisions, les interactions, les arbitrages.

You cannot copy content of this page

Verified by MonsterInsights