Le 28 avril 2025 est à l’Espagne, Portugal, sud de la France est une date marquante dans les annales énergétiques. Il est curieux de constater, que plus de vingt ans après le blackout aux US en 2003, la préparation de la communication de crise pour un phénomène tant redouté par l’industrie énergétique ne se soit pas améliorée. Et ce, malgré des directives réglementaires connues.
Dans la même période, les moyens de communication se sont sophistiqués et les cyberattaques ont explosé, des éléments qui obligent à bétonner sa préparation à une crise, notamment sur le point de la communication avec ses interlocuteurs internes et externes, et surtout dans les infrastructures critiques telles que les fournisseurs énergétiques.
Au-delà de l’incident technique, c’est la communication de crise – ou son absence – qui a marqué les esprits et fragilisé la confiance.
Que s’est-il passé ? Et comment, à travers cette crise, peut-on mieux comprendre les failles — mais aussi les leviers — d’une communication de crise efficace ?
Cette analyse est extraite de notre rapport disponible gratuitement en
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vue d’ensemble de la communication du blackout
Chronologie des faits
- 12h33 CEST : perte de 15 GW sur le réseau européen suite à deux défaillances successives, soit 60 % de la demande espagnole.
- Début des coupures massives en Espagne, au Portugal et dans le sud de la France.
- Une partie du Groenland est privée de tout moyen de communication.
- Les services internet au Maroc sont perturbées.
- Environ 16h00 CEST : Red Eléctrica de España (REE) annonce un retour progressif à la normale dans un délai de 6 à 10 heures.
- Minuit et demi : Le fournisseur de télécommunications groenlandais, Tusass, publie un communiqué informant le public que le contact a été perdu à leur connexion à Maspalomas, en Espagne.
Pendant ce temps, dans les grandes villes, les hôpitaux, les rues, les transports, les gens paniquaient. Que se passait-il ? Pourquoi ? Pendant combien de temps ?
Premières communications à propos du blackout
- REE publie à 16h00 un message sur X (ex-Twitter) indiquant que les causes sont en cours d’analyse.
- Iberdrola communique plus tard, via son président Ignacio Sánchez Galán, en rejetant la responsabilité sur REE et en affirmant que leurs moyens étaient prêts.
- REN parle d’une phénomène atmosphérique rare.
Porte-paroles identifiés
4 personnes se sont exprimées.
- Beatriz Corredor, présidente de REE, apparaît dans les jours suivants pour défendre sa gestion de crise.
- Iberdrola prend la parole publiquement demandant des explications à REE, rejetant toute responsabilité.
- Bruno Silva, confirme à l’AFP que REN n’était pas à l’origine de la déclaration attribuant la panne à un « phénomène atmosphérique rare ».
- João Faria Conceição, membre du conseil d’administration de REN, a fourni des informations techniques sur l’incident.
Interviews et coordination
- Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, critique le manque de transparence des opérateurs.
- La ministre de l’Environnement appelle à ne pas blâmer les énergies renouvelables.
- Pas d’interview d’urgence d’un responsable REE dans les premières heures.
LES FAILLES DE COMMUNICATION LORS DU BLACKOUT
Il est aberrant de constater que ce scénario catastrophe redouté par tous les fournisseurs d’énergie, connu de longue date, n’ait pas été anticipé, travaillé, pour mettre en place un plan de communication de crise efficace.
QUATRE FAILLES MAJEURES de communication ressortent.
- Anticipation insuffisante avec une communication tardive, sans aucune coordination avec les autres opérateurs, peu de canaux de communication redondants et enfin, aucune anticipation des possibles rumeurs.
- Hiérarchisation absente des différents publics, que ce soit avec les autorités, les pays concernés, les prestataires critiques (hôpitaux, transports, banques, télécoms, etc.), les entreprises ou le grand public et communication inadaptée, trop technique.
- Défaut de conformité aux réglementations en cas de blackout, qui oblige les opérateurs à définir un plan de communication de crise.
- Confusion publique sans porte-paroles bien attitrés et avec des messages en ping-pong, émis à tout va, pour se renvoyer le blâme ou donner des explications ineptes sur l’incident.

DES CONSEQUENCES HUMAINES & ECONOMIQUES LOURDES
Pour les zones sinistrées par le blackout
Résultat de cette débandade : au moins huit morts en Espagne et au Portugal, +6 millions de personnes affectées dans les transports publics, les ascenseurs, les parkings, les magasins.
Selon une étude de Caixabank Research et du ministère de l’Économie espagnol, l’impact économique direct est estimé à 400 millions €, mais Le lobby des entreprises en Espagne (CEOE) a estimé que la panne pourrait coûter ~1,6 milliard €, (soit ~0,1 % du PIB espagnol) –Reuters.
Pour les opérateurs
Des conséquences à court-terme, moyen-terme et long-terme que ce soit au niveau :
- de crédibilité
- d’image
- de crise de confiance
- de perte de talents
- de crise et remaniement itnerne
- de tensions sociales
- de procédures administratives et judiciaires
- de positionnement concurrentiel à l’international
- de perte d’opportunités stratégiques
- etc.
Le principal opérateur sur la sellette est évidemment REE, mais les autres, notamment Iberdrola, ne sont pas en reste.
Découvrez tous les détails dans notre analyse des failles de cette communication et ses conséquences humaines, économiques. Inspirez-vous de ce qui aurait dû être fait, les mesures post-blackout et lisez nos recommandations pour que les entreprises se prémunissent le plus possible.